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Des mots, une histoire, les textes

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Des mots, une histoire, les textes  Empty Des mots, une histoire, les textes

Message par Cath7790 Lun 20 Juin 2016 - 17:08

TEXTE 1



Ça n'était plus possible! Encore une fois le gamin du dessus avait joué de sa satanée flûte toute la nuit il n'en pouvait plus, ça n'avait que trop duré. Sa tête allait exploser !!!!! 
mais était-ce vraiment cet instrument qu'il entendait ? sa raison défaillait, il ne savait plus,  au dessus l'appartement était vide , 
Immense  , sans Vie  où personne ne venait plus depuis tellement longtemps ; avait-il rêvé  ?  Non je ne pense pas , mais quelque chose le tenait  en alerte , crispé, à l'affut du moindre mouvement , combien de temps ce manège allait durer ?


 il leva le sourcil en remettant charitablement  dans le pot de tournesols la chenille qui s'en était échappée


les tournesols, il les fixait, ces fleurs le ramenaient des années en arrière, au temps où ce cauchemar n'avait encore pas commencé .
Il se revoyait avec eux, contemplant les lourdes têtes jaunes s'inclinant doucement pour faire face au soleil, tandis qu'au loin la mélodie enchanteresse du violoncelle de la jolie voisine le menait au firmament du bien-être.
Il se sentait à présent touché par une fièvre inexpliquée, enchainé à un passé rouillé, ankylosé, incapable de dépasser la tragédie qui frappait trop souvent aux volets entrouverts de ce présent 
Il revoyait ses grands-parents, d'habitude si heureux, regarder la porte avec un regard sombre...

Jusqu'au jour où la jolie voisine au violoncelle avait franchi leur porte pour un motif anodin qu'il avait même oublié, et alors avait commencé la mise sous contrôle de toutes leurs vies...
Agacé, il se saisit de sa carte bancaire pour remettre une nième fois dans le pot de tournesols  la chenille pugnace qui s'évertuait à trouver d'autres territoires, tel un symbole de liberté qu'il entendait bien lui aussi retrouver...

Mais rien n'y faisait , il la revoyait dansant autour de lui, seulement vêtue d'une guirlande de fleurs, il était tombé amoureux d'elle à la première seconde. Il aimait ses gestes langoureux, ses yeux profonds et même ce petit hippopotame qu'elle avait fait tatoué juste au creux de ses reins.

Leurs jeux coquins lui manquaient aussi, ou était-il le temps où il l'avait laisser l'attacher avec des menottes dans n'importe quel recoin de la maison et attendant patiemment qu'elle veuille bien assouvir son besoin de plaisir.
Mais ce temps était depuis longtemps révolu, que c'était-il donc passé ?
..lors un souvenir dément...
A-t-il le droit d'ailleurs d'appeler cette pensée "un souvenir" ?
Ce terme est réservé aux Humains ?
Soulevant le revers de sa manche, il vérifie que le tube XNF 2016 est toujours connecté au pôle POSITIF de la Human connect City et qu'aucune goutte du précieux lubrifiant ne s'évapore en auréole que les Humains-Voisins-Immersion ne détecteraient...
Ce qu'il se donne le droit d'appeler un souvenir, commence à l'irriter contre le Système qui avait  osé le mettre au monde ....comme allèguent les Humains pour définir cette mise en service de ses autres Frères qui leur semble prometteuse ..]

L'arc de lumière l'éblouissait, encore une des innovations de ses supérieurs qu'il désapprouvait mais comme d'habitude on ne lui avait pas demander son avis, à chaque voyage il avait l'impression que tout son corps lui échappait. Un passage à tabac aurait été plus doux.
Il pris une grande inspiration et s'élança....
...Aspiré par l'arc de lumière du champ magnétique pour rentrer à sa Base comme préconisé lors de tout danger d'apparition de Symptôme d'Anthropomorphisme Roboîde, il hésita brusquement à l'idée ...


[Mais... a-t-il le droit s'oser appeler ce ressenti soudain "IDEE " , lui le XNF Nouvelle Génération ?]


..à l'idée de devoir rendre compte au Grand Huissier sur sa rencontre avec la jolie violoncelliste, ce qu'il croyait se remémorer d'un bonheur auprès de Grands-Parents, de la joliesse de tournesols  ...toutes ces émotions qu'On lui avait injectées pour réussir une Infiltration parfaite?
....


est-il encore temps de choisir de rester,  sans se trahir
ou de
disparaitre en direction de la Base


au risque de faire  ainsi la une et le bandeau de toute la presse au cas où  quelques Humains-Oméga avec qui il avait réussi à sympathiser s'inquiéteraient de sa brutale disparition ?



[..est-cela que les Humains nomme un dilemme ?]

Il savait que ses heures étaient comptées depuis le jour où son regard s'était posé sur elle, la somme de tous les actes héroïques de toutes ses vies ne faisait pas le poids face à ce seul petit écart.
Il était prêt, il allait assumer, dommage son expérience de l'humanité lui avait bien plu, il aurait aimé continuer plus avant.
Mais tout ceci était terminé, il glissa la main dans sa poche et senti la douce chaleur de l'écharpe en cachemire qu'il avait subtilisée à sa belle, et qu'il ramenait dans son antre telle la pie voleuse qu'il avait croisée maintes fois dans les bois.
Il soupira, regarda l'horizon et se dirigea vers son destin.


FIN


France, Kalinka, encoredelasoupe, Cath7790


Dernière édition par Cath7790 le Lun 20 Juin 2016 - 17:44, édité 1 fois
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Des mots, une histoire, les textes  Empty Re: Des mots, une histoire, les textes

Message par Cath7790 Lun 20 Juin 2016 - 17:20

TEXTE 2



Guidée par son toc, elle saute à cloche-pied afin qu’aucun de ses pas n’atterrisse sur un pavé impair bordant le trottoir…
Impair, impur ???..
Les limbes de notre cortex s’abiment décidément dans une profondeur qui échappe à notre entendement  fragilisé par la bienséance
Elle va être en retard, une nouvelle fois, les rues de Paris sont tellement tortueuses et c'est une telle pression de réussir à ne pas rater un seul pavé.
Mais quel bonheur  aussi, elle se sent comme un sourd qui entendrait pour la première fois le doux chant des oiseaux.

Finalement, le bonheur, ne serait  qu’une question d’ingrédients aussi  simples  qu’une ouverture attentive aux fourmillements des autres Vies que la nôtre, saupoudrée d’une sacrée louche de minuscules révolutions que ces autres Vies nous obligeraient à grappiller pour  survivre parmi ceux que l’on croit  être loups ?

Elle sent bien que ces interrogations absconses effrayent (et éloignent même ?) ses proches collègues souvent trop jeunes pour s'approcher de telles questions. Leur jeunesse les pousse à galoper plutôt vers des joies vites consommées, des contentements souvent de pacotille...
....................
Mais trêve de rêvasseries, son assistant, une version performante du  XNF Nouvelle Génération dont on venait de la flanquer,  risque d'aviser la Direction  si la cérémonie ne peut commencer en temps et heure prévus….
Elle se hâte en s’efforçant d’oublier les conséquences sans doute confuses, de son toc relégué au rang de désagrément mineur…
....
Oui, vraiment ...quelle fichue cérémonie l'attendait encore !

Elle va être en retard, elle n'a plus le choix, station Gare du Nord, elle s'engouffre dans la bouche métro.
Elle déteste parcourir les couloirs souterrains et malodorants de la ville lumière. La promiscuité des lieux l'incommode.
La toux de son voisin le plus proche lui donne la nausée, sa mâchoire se crispe, elle suffoque,
vite vite il faut qu'elle sorte de là !

Heureusement elle est arrivée à destination, elle se glisse hors de la rame et court jusqu'à l'extérieur.....
La rue est bien calme......les gens vont et viennent comme à leur habitude, mais aucun son ne lui parvient et ils la regardent tous comme si elle revenait de l'enfer..... même ce nourrisson collé au ventre de sa mère a l'air effrayé.
Mais que se passe-t-il ? voilà qu'ils se mettent à tourner autour d'elle !  
..........oui, vite vite il faut qu'elle sorte de là !
toujours coincée entre un importun brin de persil séché et un article découpé en magazine TV où un astrologue à la mode prévoit à tout Poisson  une semaine d'enfer, elle commence à regretter que sa Propriétaire n'ait plutôt opté comme 1er Prix de ce foutu  Jeu,  pour un billet destination Groenland, plutôt qu'une invitation à cette cérémonie prestigieuse qui les attend dans cette sinistre chapelle...
Sa Propriétaire commence à la bousculer nerveusement entre les chapitres à la vue du cerbère posté à l'entrée, pauvre héros endimanché d'un jour sans chômage...
Elle se sent froissée...
C'est la première fois qu'elle est marque-page.
Ça change des albums de coloriage que la reproduise à tout va, tantôt avec un parapluie tantôt au milieu de plantes vertes. Et tous ses gosses qui sont incapables de la mettre en couleur correctement. Mais là un vrai livre !  
Dommage impossible d'y comprendre quelquechose, Sa Propriétaire la fiche n'importe où à chaque fois, comment ne pas être nauséeuse après cela!
....................................
Mais cette chapelle au fond de cette impasse, jamais elle n’en avait soupçonné l’existence… Elle la découvre connaissant bien pourtant ce quartier du Marais . Le lieu est si humide qu’elle a peur de sentir le carton bouilli et de voir ses traits délavés, son existence propre se flouter.
Et v’lan ! Voilà qu’on la pose sur une pile, une pile de livres tous semblables que chaque invité dépose  . Elle aperçoit autant de marque-page que de livres comme si ces signets étaient un mot de passe . Mot de passe pour qui ? vers quoi ?  Serait-elle dans une confrérie ?
Hommes et femmes s’y côtoient dans des tenues BCBG , les conversations se nouent dans un murmure amplifié par les ogives de la chapelle du plus pur art roman . Les sons sont sourds, pesants comme l’atmosphére . Derrière l’autel, un gros cube d’acier scintille de lumières fluorescentes , une enclave du XXI ième siècle dans ce décor religieux .
Soudain, le cerbère qui gardait l’entrée tire sur un gland  .Un mécanisme se met en marche dans un fracas de chaînes terrifiant . L’arche d’entrée est clos . La stupeur se lit sur chaque visage … Un groupe d’invités se retourne brusquement entraînant la chute de la pile de livres . Sur les dalles ancestrales se répandent autant de tomes que de mots de passe …Elle a été éjectée de sa cachette !
Les invités se penchent alors chacun leur tour et farfouillent dans tous ces bouts de carton. Ils semblent rôdés à la manœuvre et piochent au hasard . Elle est saisie par des mains puissantes, des mains masculines .

L'homme la dresse au dessus de lui tel un trophée, elle peut enfin voir ce qui se passe tout autour, HORREUR !!!!
malgré leurs vêtements endimanchés ils sont tous plus laids les uns que les autres.
Un à un, dans un exercice de levage collectif les marques pages apparaissent et ça n'ai plus qu'une marée de papier multicolore
Un Maître de cérémonie sorti de nulle part et avec un tête de hareng frit brandit alors un immense anneau d'argent et les invite à le suivre..
............................
Un regard oppressé vers les Humains endimanchés afin de retrouver un signe de sa Propriétaire, mais elle comprend rapidement qu'elles seront séparées à jamais...Elle regrette un court instant les chapitres parcourus avec Elle, avant d'être happée par l'ondulation de ses congénères de papier tout aussi affolés qu'elle d'une Fin qu'ils appréhendent tous à venir..
Ils sont tous bientôt divisés en catégories qui lui échappent..."carton", "ciselé or", "ciselé ivoire", "distribué gratuit", "cuir de luxe", "tissu précieux"...
Le gros cube scintillant affiche un  232,8 °C énigmatique..
..Un nom lui revient....souvenir d'un partage avec sa Propriétaire ? ...Ray...? Ray...??? ... oui, c'est cela !..Ray Bradley... !!!
Distraite, elle se retrouve au pied du cube dans une file de signets tout aussi affolés qu'elle, sans savoir à quelle catégorie on l'a assignée...des trappes s'ouvrent ...
Certaines files basculent dans d'immenses bacs...
La sienne est poussée sans ménagement vers le cube...
Ray Bradbury... ?...oui, voilà !... une des dystopies cruelles pour ses cachettes où étaient jetées  des symboles et des graphèmes noirs dont raffolait sa Propriétaire qui devenait alors  tantôt  mélancolique tantôt hilare...!!!
.........................
la voilà juchée désormais avec sa pile étiquetée "papier" sur une table massive ...à côté  du  cube dont elle avait si peur...
Coincée entre deux autres silhouettes de papier, elle tente de progresser le plus en dessous des autres marques-pages,..s'aplatir encore et encore contre le bois de chêne ciré ...
Le brouhaha s'entête encore jusqu'à ce qu'un coup de marteau retentisse, fendant le silence  qui s'instaure alors parmi les vilaines figures d'Humains brusquement attentifs...
Un bref récapitulatif présente sa pile au public...
....
Un chiffre est annoncé...
....Un autre chiffre hurlé rapidement provient de l'assemblée ..
...Le chiffre, interrogatif,  est répété derrière la table massive :

..........
une fois ? deux fois ? trois fois !
................
...Adjugé !
s'abat le marteau ébranlant la pile inquiète de son sort incertain encore à la proximité du cube...
Après ce qui semble être un signe de tête en guise d'accord d'un Humain adulte dans l'assemblée dédaigneuse à l'énoncé du chiffre,
...une petite main d'enfant se saisit délicatement de la pile entière avant de la glisser soigneusement dans un habit de kraft....
L'enfant, retourné sur sa chaise  étale précautionneusement  maintenant sur ses genoux la petite pile encore tremblante, et glisse chaque marque-page entre les bulles d'un magazine où elle se retrouve dans le roman fractionné en épisodes à suivre de Fahrenheit 451 du sieur Ray Bradley...
..Elle qui accompagnait sa Propriétaire depuis si longtemps dans des méandres imprimés d'un bonheur métaphysique, retrouve un peu de sérénité....elle aurait pu échoir en de pires mains..celles  d' client qui se serait débarrassé rapidement de tous les écornés, les défraichis, les publicitairement distribués et finalement abandonner sa vie dans un de ces cubes abhorrés...
Les piles triées continuent de défiler sur la table massive, exhibées, palpées, jaugées,...chiffrées...
sur-enchéries...
Toutes se désolent de destins plus ou moins improbables jusqu'à ce que des Propriétaires ne se lassent ...
Un uniforme entre dans la chapelle...la douane, à l'affût de contre-façons, lorgne vers la dernière pile d’étiquetés "cuir et or"...
Vite, retrouver la rue, sortir de cette chapelle sombre avant que ne se ravise l'enfant...Lui, pour l'instant,  au moins, n'aura pas encore le dernier  Filofax à post-its incorporés, tel l' assistant- version- performante -du - XNF- Nouvelle- Génération dont son ancienne Propriétaire entendait le mettre en concurrence pour retenir les quelques graphèmes prometteurs de cette mode Bonheur ...
A tout prendre...après toutes ces frayeurs et son corps de papier malmené ces dernières heures, menacée d'autodafé ,...
elle, la petite demoiselle vernie et légèrement froissée,  s'en sortait plutôt  bien dans ses menottes enfantines fascinées ???  

THE END ???

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